Intristiva la luna . Serafini in lacrime
sognando, l'archetto alzato nella calma
dei fiori vaporosi,
rapivano da morbide viole bianchi
singhiozzi, in un glissando sull'azzurro
delle corolle. - Ed era quello il giorno
benedetto del tuo primo bacio.
Alla mia fantasia piacendo un martirio
s'inebriava sapiente
di quel profumo di tristezza che lascia
anche senza disagio o rimpianto
il cogliere un Sogno all'anima che l' ha colto.
Dunque vagavo, l'occhio fitto al selciato
consunto, quando col sole dentro i capelli,
nella via, nella sera tu m'apparisti ridente
e credetti vedere la fata dal cappello di luce
che un tempo sui miei bei sonni di bimbo viziato
passava, lasciando sempre dalle sue mani dischiuse
fioccare bianchi mazzetti di stelle odorose.
La lune s'attristait. Des séraphins en pleurs
Revant, l'archet aux doigts, dans le calme des fleurs
Vaporeuses, tiraient de mourantes violes
De blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles.
- C'était le jour béni de ton premier baiser.
Ma songerie aimant à me martyriser
S'enivrait savamment du parfum de tristesse
Que meme sans regret et sans déboire laisse
La cueillaison d'un Reve au coeur qui l'a cueilli.
J'errais donc, l'oeil rivé sur le pavé vieilli
Quand avec du soleil aux cheveux, dans la rue
Et dans le soir, tu m'es en riant apparue
Et j'ai cru voir la fée au chapeau de clarté
Qui jadis sur mes beaux sommeils d'enfant gaté
Passait, laissant toujours de ses mains mal fermées
Neiger de blancs bouquets d'etoiles parfuméers.
Stephane Mallarmè
